Incontournables 18 centres sociaux réunis pour une journée d’échanges 26 janvier 2019.

Une belle rencontre sur les valeurs de l’éducation populaire a eu lieu avec la mobilisation de 18 centres sociaux de la métropole européenne de Lille. Au programme, des débats sur la dignité humaine, la démocratie et le pouvoir d’agir…
Une façon de se rappeler que les centres sociaux sont un foyer incontournable d’initiatives portées par les habitants et les professionnels pour l’ensemble de la population de nos territoires.

Après un repas préparé par les bénévoles du Centre Social Lazare Garreau, un temps d’échanges a donné lieu à trois réflexions communes sur des thématiques actuelles.
Le principe, un intervenant qualifi é nous a fait part de sa pratique, de son expérience et de son analyse sur les perspectives à développer tous ensemble. Un après-midi studieux et riche d’enseignements.

PRÉCARITÉ : MOTS ET IDÉES REÇUES

Intervenant : Etienne Ragot (animateur et formateur indépendant). Cet atelier proposait divers contenus et représentations sur le thème de la précarité à travers des témoignages lus de personnes vivant cette situation.
Quels constats sur les causes et les réalités de la précarité dans le travail, dans le logement, dans la santé…
Paroles d’habitants :
Philippe : « Il y a un esprit de solidarité, pour ma part, j ’ai été aidé par le centre social et par une voisine, par des dons de nourriture à une période pénible de ma vie. Mais personne ne me juge ».
Roseline: « Je ne suis pas pauvre, mais je ne suis pas très riche. Je n’ai qu’une petite pension. J’ai été accueillie sans préjugés. Les gens sont simples ».
Paroles de salariés :
« Certaines personnes semblent ne pas vouloir réagir, elles ne recherchent pas d’aide, restent passives, sont fatalistes. Il faut dialoguer, écouter, essayer de comprendre sans juger. Aller au devant des gens, savoir s’ils ont besoin de quelque chose de précis pour les accompagner. Ne pas les brusquer est important également, ne pas trop rentrer dans leur vie privée, les rencontrer régulièrement pour les mettre en confiance et pouvoir discuter comme en famille » .

LA PARENTALITÉ À L’ÉPREUVE DU NUMÉRIQUE

Intervenant : Samuel Comblez, psychologue de l’enfance et de l’adolescence. En effet l’enjeu était de bien comprendre les usages numériques des mineurs. Internet, les réseaux sociaux, le téléphone mobile et les jeux vidéo en ligne font désormais partie du quotidien de nos enfants et adolescents.
Par exemple, le temps consacré sur écran, tous supports confondus, est de 15h00 par semaine pour les ados et 4h30 pour les moins de 6 ans.
Malheureusement ce phénomène est exponentiel. Aujourd’hui c’est le Smartphone le principal vecteur d’addictions via un usage privé et solitaire. L’éducation au numérique pour tous c’est notamment apporter aux parents et aux professionnels les clés de compréhension des enjeux des pratiques actuelles afin de contribuer à l’éducation, à l’autonomie mais aussi à la sécurité des mineurs sur la toile. Les problématiques sont diverses : le temps passé devant les écrans, les risques pour la santé, le cyber harcèlement, l’exposition de soi et de sa vie privée, l’e-réputation … Les risques sont nombreux mais attention à la mise en danger de soi, à l’addiction aux jeux et paris en ligne, à la pornographie… Le risque majeur est d’être seul (aucun regard, aucun contrôle).
Il faut prendre le temps d’observer, de parler avec son enfant afi n de réagir en tant qu’adulte si nécessaire en limitant le temps de connexion en instaurant des règles d’usages.

L’ENGAGEMENT DES JEUNES

Intervenante : Joëlle Bord psychosociologue.
Comment travailler activement sur une pédagogie de l’engagement et arriver à des propositions attrayantes en direction
des jeunes habitants du quartier ? Comment intégrer les jeunes aux projets sociaux ? Notre société a besoin de l’énergie et de la capacité d’inventer des jeunes. Ce temps nous a permis de bénéficier de l’expérience de notre intervenante sur ces questions.

« Il faut inventer de nouvelles pédagogies pour aider les jeunes à se situer dans ce Monde en mouvement, à renforcer leur esprit critique, à mieux faire le lien entre ce qu’ils vivent et ce qu’ils apprennent à l’école… Il est important de créer de nouveaux modes de coopération locale entre les adultes ayant une responsabilité éducative et de favoriser le dialogue intergénérationnel… Il convient aussi de renforcer la société civile dans sa capacité à écouter et à dialoguer avec les jeunes et accompagner les professionnels dans l’analyse des situations déstabilisantes auxquelles ils sont parfois confrontés pour construire des réponses communes ».

« Les jeunes sont dans un temps instantané et spéculatif (qu’est ce que ça me rapporte?)… on ne peut pas faire sans la communauté de vie, tout sauf un monde monolithique lié uniquement à la prestation de service… C’est quoi un projet jeunesse dans un centre social ? »

L’important est de ne pas négliger la tranche d’âge des 18/30 ans, malgré les nouveaux référentiels actuels. Des points de vue tranchants et intéressants traversant les territoires, les continents et des thématiques universelles.

UNE BELLE CONCLUSION

A l’issue de ces temps d’échanges, nous nous sommes retrouvés dans la salle de la plénière pour assister à la restitution de cette journée par la Compagnie La Belle Histoire.
Et nous n’avons pas été déçus ! En effet l’histoire concoctée à partir de ce que les comédiens ont retenu de nos réflexions nous a bien fait rire, tout en nous rappelant, finalement, les fondamentaux des Centre Sociaux.